Ce soir, la salle était comble. Le cabaret ramenait du monde, comme à chaque fois qu’il y avait une belle soirée en perspective. Avec ce qui se passait à Paris, les gens avaient besoin de décompresser un peu, de lâcher prise. Mais ce n’était pas la meilleure salle pour lâcher prise… Non, les connaisseurs choisissaient plutôt l’Eléphant, l’alcôve parfaite pour se détendre un maximum, là où les chants et les danses prenaient des tournures sensuelles et agréables, là où les personnes pouvaient se libérer en toute impunité, oubliant l’espace d’un instant leurs tracas quotidiens, comme une drogue dont on n’arrivait pas à se défaire. Et j’en étais plutôt ravie… Tout le monde avait besoin de sa petite dose hebdomadaire et cela me faisait sourire, du haut de mon perchoir. Mon bureau se trouvait à l’étage de l’Eléphant, avec une magnifique baie vitrée qui donnait sur la salle principale, là où les danseuses se trémoussaient pour le bonheur du public et où les meilleures avaient droit à exaucer le souhait des clients les plus enclins à lâcher leurs économies dans le plaisir.

Mes yeux se posèrent sur une jeune femme qui descendait les escaliers qui menaient des chambres privées. Elle semblait terminée auprès de deux clients qui semblaient ravis d’avoir ouvert le portefeuille pour qu’elle ouvre les cuisses. C’était elle qui gérait les prostituées, mais qui était fort demandée de par ses talents. Une autre fille vint frapper à ma porte et lorsqu’elle fut invitée à entrer, je me tournai vers elle, la coupant dans son élan de me parler de quelque chose.

« Tu tombes bien. Va me chercher Mazikeen, tu seras un amour. » Dis-je sans même jeter un regard dans sa direction, regardant par la baie vitrée, buvant mon verre et attendant que la jeune femme s’exécute. La jeune prostituée s’était dirigée vers le démon pour lui dire que je la demandais. Il ne fallut pas attendre très longtemps pour que la porte de mon bureau s’ouvre à nouveau. « Je t’en prie, sers-toi un verre. » Dis-je en désignant le bar dans lequel se trouvait un bon nombre de choix de boisson. Je tournais doucement les talons, m’approchant du canapé pour m’y installer, croiser les jambes. Pour le moment, Mazikeen ne savait pas pourquoi je l’avais fait demander, mais cela ne saurait tarder. Je la laissais prendre un verre, se poser un peu… Il y avait du monde ce soir et elle avait été occupée une bonne heure. Elle avait donc la possibilité de se poser un peu.
 

C'était une très belle nuit en perspective, les clients étaient présents, ils s'amusaient comme de petits fous et je savais très bien que ma soirée allait être très bien remplie. Rien qui ne me déplaise bien au contraire, j'aimais particulièrement avoir beaucoup de clients. Après tout être un démon avait grandement ses avantages sur les performances physiques. J'avais dansé durant des heures avant de prendre mon service au désir des hommes les plus coquins. Dans une tenue des plus aguichante pour la gante masculine, mais aussi féminine, j'avais attendu les deux hommes qui avaient réservé avec moi une heure. Une heure où j'allais leur faire littéralement regretter d'être avec des femmes des plus simples qu'il soit. Je voulais qu'après cette torride heure avec moi, il ne pense plus qu'à une chose, revenir entre mes cuisses bien ouvertes et goûter au fruit dangereux. C'était d'ailleurs comme cela pour beaucoup de clients et de cliente, c'était pour cette raison que j'étais tellement demandée. Je pratiquais le sexe comme personne ici, je savais faire de mes clients et clientes des personnes combler tout simplement. En l'espace d'un instant, ils oubliaient leur douce vie misérable et sans réel intérêt entre une bouche experte.
 
C'était d'ailleurs après une heure très mouvementée avec ses deux hommes au corps si parfait que j'avais l'intention de prendre une petite pause ou peut-être pas. Je regardais mes clients partir, leurs yeux encore rivés sur moi, ma bouche encore humide. Doucement et sensuellement j'essuyais doucement de mon pouce, la petite goutte de leurs doux nectars sur ma bouche avant de sucer mon pouce. Un clin d'œil coquin m'avait échappé et je me retournais pour me préparer à un éventuel autre demandeur, mais Sophie en avait décidé autrement. Une de mes filles m'avait alors fait face. "Excuser-moi Madame Valentine, mais Madame Lovett vous demande." Oh, elle me demandait, mais pour qu'elle raison, elle en avait peut-être marre de regarder, elle avait peut-être envie de pratiquer. Sans dire un mot, je m'étais dirigé vers le bureau, j'avais ouvert la porte et avais adressé un sourire en coin à Sophie. Elle m'avait tout gentiment proposer un verre, que je ne pouvais bien sûr pas refuser. Mais avant de me servir un verre, je m'approchais de la douce jeune femme et déposais un baiser violant sur ses lèvres avant de lui prendre la fesse entre ma main. "Tu as besoin d'être réconforté ?" Un sourire coquins sur le visage, je lui avais mordu gentiment la lèvre avant de me diriger vers le bar ou un bon verre de whisky m'attendait. "Que me vos cet appel ?" Je m'étais installé sur le canapé qu'il y avait dans la salle et je fixais Sophie sans jamais changer de direction et en me mordillant la lèvre inférieure.

Mazikeen, ou plutôt Abaddon, avait le talent nécessaire pour être entre ces murs. Elle était vraiment très douée et le Moulin Rouge ne s’en portait pas plus mal, bien du contraire. C’est d’ailleurs pourquoi je lui avais offert un meilleur poste, avec un meilleur salaire afin de la garder auprès de moi. Mais au fond, elle avait pris tellement goût à la luxure que je n’aurais même pas été obligée de faire cela. Je savais qu’elle adorait le milieu dans lequel elle se trouvait, en plus d’avoir quelques petits privilèges des plus alléchants. Après ça, difficile de vouloir faire machine arrière. Elle était comme les clients, addict à ce genre de chose, car elle savait qu’elle pouvait avoir les hommes qu’elle désirait, avec un simple sourire, avec un simple geste. Elle était belle, elle était séductrice et si un jour elle doutait, il suffisait de lui insuffler le désir comme j’étais capable de le faire et c’était reparti.

Elle arriva dans mon bureau, venant me saluer comme à son habitude. Je souriais en la laissant faire. Elle était gourmande… Elle qui venait de sortir d’une heure de travail probablement intensif. Je la laissais ensuite aller se servir un verre et s’installer sur le canapé en cuir. « Non, je n’ai pas besoin de réconfort quelconque. » Dis-je en étant installée en face d’elle, penchant ma tête sur le côté, non sans un regard sur elle et ce qu’elle portait avant de relever mon regard et de plonger mes yeux dans les siens. « J’aimerais avoir quelques détails… J’ai dû demander à deux hommes d’aller nettoyer une pièce au sous-sol et se débarrasser du corps de deux clients. » Dis-je en la regardant. Je savais que c’était elle et je n’étais pas là pour la blâmer, loin de là. Je savais que si elle avait fait cela, c’était probablement pour une bonne raison… C’est pourquoi j’étais curieuse de la connaître et de pouvoir m’en faire un avis. Peut-être que c’était de mauvais payeurs, ou des gens qui étaient influents et qui dérangeaient les affaires du Moulin Rouge… Qu’importe… Je m’en fichais un peu qu’il y ait des morts, dans un sens, je désirais simplement en connaître les raisons. Après tout, cela se passait au sein de mon établissement et je désirais être mise au courant de tout ce qu’il s’y passait.

Je portai mon verre à mes lèvres en ne la quittant pas du regard, attendant de voir ce qu’elle avait à me dire à ce sujet. Elle devait probablement avoir une bonne explication, j’en étais certaine… Et puis, je savais qu’Abaddon avait également cette soif de sang, telle une pulsion qui pouvait surgir à tout moment. Heureusement, elle était pas mal atténuée par tout ce qu’il se passait ici.