une douleur éternelle ♕

**Lys Dorn** the last young renegades

une douleur éternelle

J’ai du mal à comprendre ce qui se produit autour de moi. J’ai du mal à savoir qui je suis réellement, si j’ai un objectif bien précis à atteindre, ici. J’ignore si je vais être utile ou bien même si je vais tout foirer. J’ai l’impression d’avoir changé. Petit à petit, alors que je n’ai l’air d’être rien, on m’appelle. De nombreuses paroles parviennent à m’apaiser, à me persuader. Je dois avancer, coûte que coûte. Je n’ai désormais plus le choix. Et alors que je m’attends à quelque chose de simple, ce que je vois sous mes yeux est loin de l’être. Un Être abandonné, là, le corps meurtri, les larmes ruisselantes sur son corps. Et j’ai soudainement l’impression de devoir agir. Ça m’insupporte de voir quelqu’un si faible, pas capable de répondre aux questions. Voir quelqu’un déterminé à ne rien dire malgré les nombreux coups reçus et ce qu’on a beau lui répéter. Je reste un court instant face à lui, immobile, ne prononçant rien. C’est fou mais je réagis comme si ça me soulageait de voir ça, de voir un ange dans cet état. De le voir si mal, ensanglanté. De constater que ses ailes n’existent plus, désormais. Qu’elles lui ont été sauvagement arrachées. Par contre, je me demande bien ce qu’ils ont en tête, ce qu’ils imaginent accomplir de lui. Alors, j’attends. Et ma patience a des limites. De nombreux désirs bousculent mon esprit jusqu’à ce qu’on crie mon nom pour la énième fois. Nom qui résonne dans cette prison.

« Mekmenas. Tu vas nous être utile. Tu dois nous montrer ce que tu vaux et, cette fois, tu vas pouvoir réaliser ce que tu n’as jamais fait de mieux jusqu’à aujourd’hui. Profites-en de celui qui se situe là. Autant que tu le voudras. Autant que tu le pourras. Tu vas accomplir ce que je désire sans poser de questions. Est-ce bien compris ? » Je hoche la tête afin de montrer mon accord. Je vais enfin pouvoir découvrir ce dont je suis capable et pour quelle raison je me trouve ici et non ailleurs. Rien qu’en y pensant, ça me rend infaillible. Je ne me raterais pas, j’en suis certaine.

« Lorsque je te dirai de commencer à faire ce dont tu es capable, tu le feras, ce, sans cesser ne serait-ce, une seule seconde. Je te donnerai le signal quand tu devras t’arrêter. » Après ces mots, je me prépare, me concentrant le plus possible. « Mets-toi face à lui. Vas-y. » Je m’agenouille donc pour être à la hauteur de celui qui aurait très bien pu se défendre s’il n’avait pas subi les coups et n’était pas épuisé à en crever. Une fois face à lui, je maintiens sa tête afin d’éviter que quelque chose déraille et commence à utiliser mon pouvoir. « Ton passé, tes proches, ta clarté, ta pureté ne sont que mensonges. Tu n’as jamais été l’un d’entre eux. Jamais tu n’as vécu quoi que ce soit qui aurait pu te rendre heureux. Ces Êtres aux ailes blanchâtres t’apportent du dégoût. Ils ont fait de toi ce que tu es aujourd’hui, un minable cadavérique et tu ne peux rien éprouver à leur égard. Accepte ce que tu es devenu, désormais. Ne sois plus quelqu’un de pitoyable. Tu vaux bien mieux que ça. Et tu ne t'en apercevras que lorsque tu te seras accepté. Autrement ta vie ne se résumera qu'à un calvaire ingérable. » « Arrête-toi, Mekmenas. »

Pensant en avoir fini avec lui, je relâche tout, me sentant légèrement fatigué. C’est l’une des premières fois que je manipule la mémoire de quelqu’un et c’est pour cette raison-même que la fatigue prend rapidement le dessus sur moi. Je tente donc de me relever, observant une dernière fois ma récente victime, celui qui ignore, si j’ai bien agi, ce qui s’est produit jusqu’à maintenant.

nightgaunt

**Antonin M. Lefèvre** the last young renegades

une douleur éternelle

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Y a le sang qui recouvre chaque parcelle de son épiderme, la douleur qui transperce son corps, l’horreur qui luit dans ses pupilles. Et puis la peur, la peur alors qu’il entend leurs voix. Alors qu’il y a le bruit de pas qui avancent dans sa direction. Regard qui se pose pendant quelques brèves secondes sur la démone qui se tient au dessus de lui. Et il se renferme encore un peu plus Haiaiel. Parce qu’il a peur. Tremblements qui parcourent une nouvelle fois son corps alors qu’il n’a aucune idée de ce qui va se passer une nouvelle fois. Battements du cœur qui accélèrent. Cœur qui bat à tout rompre. Appel au secours auquel personne ne veut répondre dans la cité d’argent, communication qui semble coupée depuis qu’il est tombé dans ses griffes. Il a mal l’ange. Bien trop mal. Il aimerait bien pouvoir partir, disparaitre. Mais il n’en a plus la force. Il n’arrive même plus à reculer. Alors il laisse juste sa tête reposer une nouvelle fois contre le sol froid de sa cellule, de ce qui est devenu sa chambre de torture. Et il ferme les yeux. Il attend. Il attend que ça vienne. Il prie son dieu de lui venir en aide. Mais il n’est pas là pour entendre les prières de son soldat. Il n’est plus là depuis qu’il est tombé dans le piège du démon du feu. Il n’y avait plus personne pour lui répondre depuis cet instant.

Y a son regard qui plonge dans le sien alors qu’elle s’accroupie à ses cotés. Les mains qui viennent encadrer doucement sa tête pendant quelques rares petites secondes. Et il essaie de détourner le regard, mais il n’y parvient pas l’ange. Parce que sa poigne reste trop ferme. Y a les paroles qui pénètrent son esprit, celles qu’il ne veut pas entendre, celles auxquelles il ne croit pas. Mais y a la voix qui le berce et il sombre petit à petit. Souvenirs qui disparaissent. Bonheur qui s’enfuie alors qu’elle joue de ses souvenirs. Alors qu’elle les enferme au plus profond de son esprit. Souvenirs qui deviennent autre. Passé transformé au bon vouloir de celle qui le détruit petit à petit. Et puis ça se termine.

Il ouvre les yeux l’ange. Et y a les larmes qui y brillent encore. Il essaie de s’éloigner de celle qui est à ses cotés sans y parvenir. Il a trop mal. Il est trop fatigué. Regard qui accroche quelques secondes le sien. Que faisait-elle là ? Corps qui se recroqueville, comme pour en protéger les parties toujours indemnes de toutes blessures. Regard qui se porte dans la pièce. Qui y guette de bourreau sans le voir. « Qu’est-ce… ? » Il est perdu l’ange. Il comprend pas ce qu’il fait là. Il comprend plus. Y a la voix qui résonne un peu dans son esprit. Et il cherche à comprendre. Il sait où il est. Il sait ce qu’il a fait. Mais il comprend plus pourquoi il est là. « Comment ? » Etapes manquantes. Vie volée. Passé arraché.

**Lys Dorn** the last young renegades

une douleur éternelle

ft. @Antonin M. Lefèvre

J’dois avouer avoir du mal à comprendre ce que j’ai moi-même fait. J’ai du mal à me dire que ce que j’ai effectué était réel et surtout, satisfaisant. J’ai l’impression que cet esprit était impénétrable, d’avoir raté mon premier essai. Et pourtant, avec les rares forces qu’il me reste, j’arrive à l’observer, de près. Je constate la façon dont il observe, je remarque dans son regard son incompréhension. Il a l’air perdu. Oui, c’est ça, totalement perdu. Il doit sûrement se questionner sur l’endroit où il se situe, sur la manière dont il a pu entrer ici. De même, pour moi. Je le vois me regarder à son tour. Il semble intrigué à mon sujet. Peut-être est-ce dû au fait que je sois si proche et que j’ai l’air dans l’incapacité de bouger, désormais ? Peut-être est-ce à cause de nos différences. Je ne lui rappelle rien, c’est certain. Du moins, faudrait-il que mon acte ait été réussie. Faudrait-il que je ne me sois pas trompée lors de ma manipulation, n’serait-ce, qu’à un moindre détail.

J’ai du mal à avoir confiance sur ce coup. Ça fait si peu de temps qu’on me demande de réaliser des missions et c’est la toute première fois qu’on a besoin de moi pour quelque chose d’aussi inoubliable, d’aussi incroyable. Après tout, il faut dire que celui-là avait de la poigne, ne voulant pas se laisser faire. C’est le ressenti que j’ai eu dès que j’ai commencé tout ça. Et c’est sûrement pour cette raison-là qu’il a fallu plusieurs mois pour qu’on me demande d’agir ainsi. C’était à la fois difficile et rapide. Enfin, ça, c’est ce dont j’ai eu l’impression vu l’temps qui est pourtant bel et bien passé. Ça, je m’en suis rendue compte vu le regard que mon supérieur a posé sur moi dès que j’ai terminé.

« Qu’est-ce… ? » Je ne m’étais donc pas trompée. Soit il joue particulièrement bien la comédie soit j’ai réussi en partie ce que je devais effectuer. Dans tous les cas, je me sens beaucoup trop épuisée pour agir, désormais. Il faut qu’un autre vienne. Il faut qu’on s’occupe de lui. Parce que continuer de me charger de ma première expérience, je n’en suis pas en mesure pendant une bonne heure, j’imagine.

« Comment ? ». Il y a une partie de moi qui me répète de quitter la pièce, de ne surtout pas m’en rapprocher étant donné la manière dont il pourrait réagir. Il est là le souci avec ce pouvoir-ci. On ne sait jamais ce que la victime est capable de faire après avoir perdu la mémoire. De plus, il peut très bien se sentir isolé et contre-attaqué sans réfléchir voire se renfermer sur lui-même et ne plus parler durant des heures, des minutes. Peut-être même des années. Je ne peux pas contrôler ce genre de choses.

nightgaunt

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