anecdotes Il n'y a pas grand chose à savoir sur Grazyna, parce qu'elle est une jeune femme presque ordinaire, en bien des points. Même si sa vie n'a été qu'un pur fiasco, il y a sans doute pire dans le monde, certainement même, mais elle a tendance à beaucoup s'apitoyer sur son sort, depuis qu'elle a perdu son mari et son enfant durant la même semaine. La vie de notre jeune brune n'a jamais été facile, il faut bien l'avouer. Il n'y a rien à dire, rien à voir, rien à comprendre. Mais puisque vous insistez, voici quelques anecdotes à savoir sur miss Shadowsky.

La première vient de son père, un polonais qui était un véritable adepte de la langue anglaise. C'est ainsi qu'avant de connaître la mère de Grazyna et donc de l'épouser, il a fait changer son nom de famille pour qu'il devienne un condensé entre l'ombre et la lumière, entre un jeu d'ombre et un jeu plus lumineux, entre une ombre et le ciel, pour qu'il devienne Shadowsky. Il a si bien fait son travail que l'on ignore quel était son nom avant ce changement. Grazyna sait qu'elle n'aurait pas du porter ce nom de famille, mais il lui convient bien, et elle s'en accommode puisque ces initiales forme un beau GOS.

Elle a connu son feu-mari dès sa plus tendre enfance, et elle le détestait au début. Il était tout ce qu'elle n'aimait durant son enfance, le genre de garçon arrogant, qui voulait impressionné tout le monde, même celles qui n'avaient pas envie de l'être comme Grazyna. Mais au fil du temps, les deux ont changés, son mari a moins roulé des mécaniques, et elle a appris à l'apprécier puisqu'ils faisaient partis du même cercle d'amis. Au final, ils se sont mis ensemble alors qu'ils avaient 17 ans, quelques mois après, ils étaient mariés, et presque immédiatement, elle tomba enceinte. Cela aurait pu être une belle et somptueuse histoire d'amour qui se propageait à l'horizon. Sauf que son mari menait une double vie. S'il était doux et gentil avec elle, il lui avait menti sur la nature de ces activités, alors certes, il était pour ainsi dire un commercial, mais il faisait du trafic d'armes, de drogues et d'autres choses plus ou moins légales. Et un deal a mal tourné. Il s'est fait grillé par un sale type qui n'a pas hésité à lui mettre une balle en pleine tête, et une autre en plein coeur histoire de l'achever. Son petit garçon été atteint d'une maladie infantile, ces chances de survies étaient de 50%, cela allait se jouer à pile ou face durant sa première année d'existence. S'il survivait, alors tout irait bien pour lui, cela voulait dire que son corps d'enfant avait réussi à vaincre la maladie, mais malheureusement, il ne fut pas assez fort, et quelques jours après son mari, elle perdait son enfant alors qu'elle n'avait que dix-neuf années au compteur.

Cela n'allait cependant pas être les seules choses qu'elle allait subir. Une fois que les enterrements étaient passés, il allait falloir qu'elle trouve du boulot puisqu'elle ne travaillait pas, c'était monsieur qui apportait l'argent à la maison. Elle a failli tomber très bas, du genre à devoir vendre son corps pour avoir un peu d'argent, mais par chance, celui qui voulait l'engager ne la trouva pas assez jolie, pas assez souriante aussi, elle aurait fait fuir les clients. Sa mère originaire de France avait un cousin qui avait besoin de main d'oeuvre dans une usine de textile sur Paris. Elle rassembla alors toutes ces maigres économies pour faire le voyage, mais une fois arrivée sur place, il n'y avait rien d'autres qu'une boite de strip-tease qui l'attendait. En pleurs, elle décida de ne pas accepter l'offre. Perdue dans une grande ville, elle décida que Paris serait la ville de son renouveau, celle où elle repartirait de rien pour se reconstruire. Sa chance était que sa mère lui avait appris le français durant sa jeunesse et que durant le reste de sa vie, elle s'était efforcée de garder cela à l'esprit, parlant français autant qu'elle le pouvait avec elle. Bien entendu, elle avait un fort accent russophone au début, puis il s'estompa petit à petit pour devenir léger. Elle trouva des petits boulots, mais elle n'arrivait pas à faire front. La perte de son mari et de son enfant l'avait profondément meurtrie à l'intérieur. Alors si elle n'était pas suicidaire, elle était dépressive, ayant parfois des crises de larmes qui ne prévenaient pas. Parfois, le matin, elle n'avait pas la force de se lever et passait la journée à ressasser un passé qui était parti si vite en fumée.

Puis il y a eu le grand départ, elle a perdu plusieurs de ces amis ce jour là, des amis qu'elle avait réussi à se faire, elle a perdu presque tous ceux à qui elle tenait. Puis il y a eu les émeutes, elle a été blessée plusieurs fois, alors que pourtant, elle n'a jamais combattu, mais elle s'est souvent trouvé là. Elle a failli y passer trop souvent. Puis il y a eu le grand retour. Elle ne s'en souvient plus vraiment, mais en l'espace d'un instant, sa vue s'est brouillée, tout n'est devenu que nuances de gris, de noir, de blanc. Elle pensait devenir complètement folle, elle a consulté de nombreux médecins qui ne comprenait pas comment une chose pareil était possible. Puis un jour, un client est arrivé dans le restaurant où elle travaillait, et là c'était fou, mais il y avait un halo de lumière bleutée autour de lui. Depuis le grand retour, c'était la première fois qu'elle voyait une touche de couleur. D'autres personnes comme celle-ci ont débarquées dans sa vie, en tant que clients, et puis elle revu des personnes qu'elle pensait disparues, et la lumière qui émanait d'eux était plus forte, comme si elle était attirée. Mais ce n'était pas tout. A chaque fois qu'il s'est passé quelques choses sur Paris, elle était aux premières loges. A la convention sur les disparus, elle assurait le service, elle s'est retrouvé à l'hôpital, avec des points de sutures dans le cou, sur le bras droit et la jambe gauche. Pour le nouvel an aussi, elle s'est retrouvé prise au piège, si bien qu'elle ne se souvient pas exactement de ce qui s'est passé ce soir là. Sur la place de la Concorde également, elle a failli se faire tuer, et dernièrement cette tempête et ce panneau qui a failli lui trancher la carotide. Elle pensait clairement que le monde lui en voulait, qu'il n'y avait plus d'espoir. Puis Joshua est arrivé avec son évangile et elle a vu en Clavis Aurea, un espoir.