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La révélation avait été comme un électrochoc. La couverture des Dieux était donc compromise à cause de l’arrivée des autres Dieux… Jamais je n’aurais pu imaginer qu’une telle chose arrive. Voilà bien longtemps que nous n’avions plus entendu parler d’eux. Je pensais que cela était de l’histoire ancienne et voilà que le passé refaisait surface et avec lui, son lot de mauvaises surprises. En l’espace de quelques instants, ils avaient détruits ce que nous avions mis quatre longues années à construire… A savoir notre couverture, notre discrétion, que le surnaturel était à Paris… Les anges, comme les démons d’ailleurs, étaient plutôt discrets mais voilà que ces Dieux étaient arrivés en fanfare sans aucune peur de se dévoiler au grand jour pour certains. Bien entendu, tout le monde se posait la question : où sont ces Dieux ? Et cela devait également être le cas chez les anges et les démons… D’ailleurs, face à un tel chaos, il était d’autant plus important de garder bonne figure, car je ne voulais pas que tout ce que j’avais mis autant de temps à construire soit détruit.

Plus que jamais je guettais la réaction des anges afin de pouvoir remarquer quand aurait lieu la prochaine réunion. Et heureusement, je me trouvais avec deux d’entre eux lorsque l’appel sonna. C’est donc à Notre-Dame que mes pas m’emmenèrent. J’entrai donc dans la salle du conseil où pas mal d’anges s’y trouvaient… C’est alors que l’Archange Gabriel prit la parole, c’est des sueurs froides qui vinrent me parcourir l’échine lorsque je compris très vite que je n’aurais peut-être pas dû venir ici. Les portent furent scellées et Gabriel annonça que personne ne sortirait d’ici sans que la lumière soit faite sur cette histoire et que les Dieux Grecs soient dénichés… Bien entendu, je cherchais déjà un moyen de me sortir de cette mauvaise passe… Tous les accès étaient bloqués, j’allais donc devoir agir différemment. Agir de manière plus subtile. Je tentai de rester impassible. Ce n’était pas la première fois que je me trouvais dans une situation complexe et j’allais devoir faire appel à toute ma longue expérience pour ne pas me faire démasquer par ces anges qui ne semblaient pas nous porter dans leur cœur. Et pourtant, depuis que j’étais infiltrée ici, j’avais tout fait pour les aider… Pour lutter contre les démons qui gangrenaient cette ville. Devais-je dire la vérité ? Ou mentir et les convaincre que j’étais bien un être de la Cité d’Argent ? Pourtant… S’ils creusaient vraiment, ils remarqueraient certainement la supercherie. Jusqu’ici, ils ne l’avaient pas fait car personne ne se doutait de la présence des Dieux Grecs dans la cité de Paris… Aujourd’hui, tout était compromis. J’étais compromise et je n’étais certainement pas la seule dans cette sale situation.  

Cause for every lie I tell them, they tell me three this is how the world works

Ses lèvres s'étirent en un sourire énigmatique. De ceux qui sont à la fois nostalgiques, résignés et plein de défis. L'heure qu'elle avait finalement attendu autant que redouté était arrivée, celle de la vérité. Une demie vérité qui ne s'adressait qu'aux surnaturels mais une vérité tout de même. Les derniers événements ont eu pour effet de mettre un coup de pied dans la fourmilière. L'avion porteur du symbole dénonçait à lui seul la présence des Dieux provoquant une vive réaction de la part de ses alliés d'infortune. Les anges sonnaient le rassemblement mais l'olympienne ne s'y trompait pas. Elle fonçait droit dans un piège destiné à se refermer sur elle. Artémis était sereine sinon fataliste. Elle n'allait plus mentir et se cacher, elle patientait depuis trop longtemps et il était hors de question de perdre une occasion pour énerver son cher papa. L'interrogation qui subsistait était de connaître la décision des anges confrontés à l'infiltration de leurs rangs. Elle doutait fortement d'un dénouement positif mais leur accordait volontiers le bénéfice du doute. Après tout, ne se battait-elle pas à leurs côtés contre les démons depuis près de quatre ans maintenant ? Les conversations meurent au moment choisi par Gabriel pour prendre la parole. Le bruit est assourdissant alors que des blocs de pierre s'écrasent devant les portes. La déesse, qui se tient à proximité et au fond de l'assistance, affiche une mine franchement agacée son blouson de cuir recouvert de poussière. Elle envisage sérieusement de se rendre invisible pour échapper à tout ce cirque mais finit par se raviser en décidant de s'en tenir au plan initial. Un exploit pour une Artémis connue pour son impulsivité et ses colères fulgurantes. Impassible, boudant intérieurement, la déesse croise les bras et attend sagement.

La fureur gronde dans les yeux de l'archange de la nature. Telle une flamme, elle vacille dans son regard, embrassant de plus en plus ses pupilles. Des dieux, dans leur rang, c'est la terrible pensée qui se faufile dans son esprit depuis la découverte de l'avion et des symboles gravés dessus. Elle n'est certainement pas la seule à penser ainsi, tous les archanges doivent se questionner sur les anges qui peuplent leur sphère. Comme démêler le vrai du faux, comment savoir qui se fait passer pour quelqu'un d'autre ? Et puis il y a l'appel de Gabriel dans son esprit qui retentit comme une sirène presque irrésistible. Elle ne met pas longtemps à venir au point de rendez-vous, cependant, elle prend ses précautions juste avant. Elle embarque avec elle un brique en sachant pertinemment que dans le bâtiment, bon nombre d'éléments ne seront pas à sa portée. Elle n'es pas capable de créer des éléments Valakiel, elle les manipule. Et dans une pièce fermée, difficile d'avoir accès à l'eau, le feu, la terre, la météo.... Alors pour ne pas se sentir totalement désarmée, elle apporte un peu de feu dans l'espoir de pouvoir l'utiliser. Juste au cas où.
Valakiel arrive rapidement au lieu de rendez-vous, peut-être pas assez finalement, bon nombre des siens, ou des usurpateurs, sont déjà présents. Déjà d'un coin de l’œil, elle repère les anges qui appartiennent à sa sphère et leur fait un salut distrait de la tête, qui se joue d-elle ? Combien de temps va-t-elle devoir encore jouer la comédie de la bonne apparence ? Que va décider Gabriel ? Elle n'a pas longtemps a attendre avant que ce dernier ne prenne la parole. Le sujet porte sur les dieux, la menace qui est dans les esprits de tous les anges. Sans qu'elle ne s'y attente, Gabriel ordonne de barricader les portes, ce qu'elle prenait pour une simple réunion se transforme en forteresse de guerre. Et les ordres retentissent, personne ne peut sortir jusqu'à ce que le ménage dans les rangs ne soit terminé. Valakiel reste neutre, aucune émotion ne transperce son visage, seul son toc d'allumer et d’éteindre la flamme de son zippo trahit son impatience et son contentement. Sa mission tombe, on lui demande de mener les interrogatoires avec d'autres archanges. Soudain, elle sent une présence à ses côtés. Pas besoin de tourner la tête pour savoir qu'il s'agit de @Jeanne A. Debussy, son binôme. Les deux jeunes femmes n'ont pas besoin d'échanger un regard pour se comprendre. « Tu as des doutes dans ta sphère ? » Se contente t-elle de lui demander faiblement pour que personne d'autre n'entende alors que son regard observe toujours la salle pour trouver les traîtres.  

La confiance. Ce truc qu’on lui avait maintes fois reproché de ne jamais accordé. Faire cavalier seul, un credo pour Absolem, ou un sursaut de son instinct de survie. Et puis, pourquoi aurait-il eu confiance en ses pairs ? Eux, ne l’avaient jamais eue en lui.

Alors, quand Gabriel parle d’infiltration parmi les leurs, Absolem tique. Il n’est pas méchamment satisfait d’avoir eu raison, ne se sent pas meilleur que les siens pour avoir eu plus de bon sens qu’eux, n’a pas envie de faire remarquer qu’il l’avait prédit. Non, Absolem est juste triste. Triste d’avoir eu raison et de voir les siens patauger dans la merde pour en sortir. Quatre ans. Quatre foutues années durant lesquelles ces dieux païens avaient pris racine parmi les leurs, au point d’être un des leurs ; capables de singer leur morale, leurs principes et leurs discours, pour mieux les entourlouper dans leur foi naïve d’anges miséricordieux. Leur propre bienveillance retournée contre eux. S’ils s’étaient méfiés un peu plus, s’ils avaient cherché à en savoir un peu plus sur ces angelots qui se sont jetés dans leurs bras comme des enfants perdus dans ceux de leurs mères, alors peut-être que ce ne serait pas arrivé. Peut-être.

Peut-être, parce que Absolem est bien placé pour savoir que les anges sont légions, et qu’aucun ne peut connaître le nom de chaque.

Lorsque Gabriel a appelé, il n’a pas hésité. Dans cette même salle où il n’a pas hésité à réitérer son allégeance à l’archange de la guerre, il répond de nouveau à son appel sans sourciller. Bon petit soldat. Adorable général loyal. Il attend, posté contre un mur, que le reste de leur armée les rejoigne dans cette salle maudite. Il voit Jeanne, il voit Camille, il voit Nacira ; il les observe se rassembler, discuter. Mort, Infini et Nature. Ont-elles eu un jour confiance en Destin ? Oh, non. Bien sûr que non. Pourtant, comme lui, elles vont devoir, au moins une fois, la lui accorder.

La confiance. Tous ces visages qu’il croise au compte-goutte, chaque fois qu’un nouvel ange prend place dans cette pièce maudite. Il connaît des noms, certains pour les avoir immortalisé lui-même. D’autres ne lui évoquent rien. Il pense à sa sphère, aux siens, à ceux qui lui ont prêté allégeance ; il les connaît. Tous. Il les a choisis, absolument tous. Il n’a pas de doutes sur eux. Mais peut-il vraiment y compter ? Il sait bien qu’il les interrogera tous ; même son lieutenant.

Il rejoint les siens aux côtés de Gabriel lorsque son nom glisse dans sa tête. Il se place à côté de Jeanne, loin de Camille. Il évite de les regarder. Il observe les autres, là, devant eux ; leurs visages où se mêlent le doute, la colère, la suspicion ; la peur, parfois. Car, Absolem le sait, ils ne vont pas simplement découvrir des dieux parmi leurs rangs ; ils vont aussi tomber sur des squelettes dans des placards qu’ils croyaient bien fermés.